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Par metanoia1 le 25 Octobre 2010 à 19:07
LES 7 PAROLES
DU CHRIST EN CROIXNous sommes, tout d’abord, frappés du fait qu’il s’agisse de Sept Paroles ; ce chiffre « Sept »
se retrouve d’une façon troublante dans toute la nature, non pas seulement dans le
symbolisme exprimé par les hommes, mais aussi dans des manifestations étrangères à la
participation de l’homme. En effet, les hommes n’y sont pour rien s’il y a sept couleurs dans
l’arc-en-ciel, la lumière se différenciant en sept couleurs principales par réfraction au travers
d’un prisme ; de même, les hommes n’ont aucune responsabilité dans le fait que le cycle de la
lune est de quatre fois sept jours. D’autres exemples pourraient être cités pour illustrer
l’apparition de ce chiffre dans les manifestations de la nature. Il se rencontre très souvent
aussi bien dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau.
Par conséquent, il semble bien que le chiffre sept possède en lui une valeur ésotérique et
mystique certaine. Aussi, ne sommes-nous pas étonnés que dans les Evangiles, on ait pu
découvrir que le septénaire ait été utilisé d’une façon assez courante et que, justement, on ait
remarqué que le Christ ait prononcé « Sept Paroles », alors qu’Il se trouvait attaché à la Croix.
C’est une sorte de testament consigné dans ces dernières Paroles prononcées par Celui qui est
venu pour nous sauver.
Nous tenons à signaler qu’en méditant sur ces « Sept paroles », nous ne faisons que continuer
une tradition dont la source remonte très loin dans le temps. Ainsi, dans sa « Vie de Jésus »,
Charles de Foucauld médite longuement sur ce sujet sacré ; aux Editions du Soleil, il existe un
ouvrage de Charles Journet entièrement consacré à cette étude et dont le titre est précisément
« Les Sept Paroles du Christ en Croix » ; dans sa « Vie de Jésus », Fulton J. Sheen a écrit un
chapitre spécial sur ces Sept Paroles et fait remarquer que les Saintes Ecritures n’ont conservé
les dernières paroles que de trois autres personnages : Jacob (devenu Israël), Moïse et Etienne
(page 550) ; si nous remontons plus loin dans le temps, nous verrons que Saint Pierre
d’Alcantara (1499-1562), contemporain de Sainte Thérèse d’Avila, dans son Traité de
l’Oraison et de la Méditation, intitule un de ses chapitres : « Le Crucifiement et les Sept
Paroles » (page 86).
C’est cette insistance montrée par certains auteurs qui nous a incité à vous proposer cette
méditation sur un tel sujet. Si les Evangélistes ont estimé devoir nous rapporter ces Sept
Paroles, c’est qu’elles doivent avoir une certaine valeur, non seulement historique, mais
surtout ésotérique, occulte et mystique. Nous pensons que l’on devrait y découvrir matière à
méditation, en essayant d’examiner si ces Sept Paroles ne peuvent être écoutées par une
oreille attentive à l’enseignement rosicrucien, dont les lumières peuvent éclairer d’un reflet
spécial.Souvenons-nous, tout d’abord, que le Christ a dit lui-même : « Les Paroles que je vous ai
dites sont Esprit et Vie » (Jean VI-69). Les Paroles prononcées sur la Croix doivent
certainement révéler un sens important, d’autant plus qu’elles sont en petit nombre ; Sept
Paroles de Vie au moment de mourir, pendant cette agonie affreuse. Oubliant Ses souffrances,
maîtrisant cette lente asphyxie bloquant Ses poumons, Christ fait un effort surhumain pour
prononcer Sept Paroles qui sont Esprit et Vie, Sept Paroles dont l’écho retentira longtemps,
car Christ l’a affirmé : « Le ciel et la terre passeront, mais Mes Paroles ne passeront point »
(Matthieu XXIV-35).
Non, elles ne passeront point, car nous les conserverons et ce sera là une preuve clé de notre
Amour et de notre reconnaissance envers Celui qui est venu pour nous aider, car :
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons en lui, et
nous ferons chez lui notre demeure » (Jean XIV-23).
Essayons donc de comprendre ensemble ces Sept Paroles que nous graverons dans notre
coeur.
Première Parole : « Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font »
(Luc XXIII-34)
Au lieu d’entendre des cris de douleur, des imprécations, comme le faisaient ordinairement
les crucifiés et qu’attendaient peut-être les scribes et les pharisiens, nous entendons d’abord
une parole de pardon.
C’est une magnifique Parole d’Amour et de Pardon s’adressant à toute l’humanité pécheresse,
non pas seulement aux soldats qui n’ont été que les instruments actifs de la crucifixion. Eux,
ces soldats, ils n’ont fait qu’obéir aux ordres qu’ils ont reçus ; aussi l’on pense
immédiatement à la fameuse déclaration du Centurion qui ne voulait pas que le Christ vienne
jusqu’à sa demeure, parce qu’il se jugeait indigne de le recevoir chez lui, « car, dit-il, moi qui
suis soumis à des supérieurs, j’ai des soldats sous mes ordres ; et je dis à l’un : Va ! Et il va ;
à. l’autre ; Viens ! Et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela ! Et il le fait » (Matthieu VIII-9).
Par conséquent, il ne faut jamais oublier que le subordonné, l’employé, qui se conforme à une
réglementation formellement établie, ne doit pas être tenu pour responsable des inconvénients
provoqués par ces règlements parfois loin d’être parfaits. C’est donc aussi une leçon
d’indulgence qui améliorerait sensiblement nos rapports les uns avec les autres, si nous
savions discerner les degrés dans la responsabilité de chacun.
« Ils ne savent pas ce qu’ils font ! », cela s’adresse également à ceux qui sont à l’origine de
cette condamnation à mort, c’est-à-dire les scribes et les pharisiens, les sacrificateurs et les
prêtres qui pressentaient la fin de leurs privilèges si Christ réussissait à faire prévaloir ses
enseignements. Souvenez-vous de cette déclaration de Caïphe, le souverain sacrificateur :
« Vous ne réfléchissez pas qu’il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple,
et que notre nation ne périsse pas ! » (Jean XI-50).
Ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient en ayant pris la résolution de le faire mourir (Jean XI-
53), car ils croyaient mettre une fin définitive aux révélations du Christ ; ils étaient assurés
que la mort de Celui qui se faisait passer pour le Messie terminerait cette aventure temporaire.
Ils ne savaient pas qu’au contraire ils devenaient, pour ainsi dire, les instruments du destin,
car le Précieux Sang versé permettait au Christ d’ensemencer la Terre et de mêler Son Corps
du désir au Corps du désir de la Terre.Ils n’ont pas su reconnaître qu’Il était réellement le Messie annoncé par les prophètes ; non
pas un roi séculier régnant sur le peuple d’Israël et rétablissant le trône temporel de David,
mais un Roi, dont la Royauté était effectivement le Royaume de Dieu, c’est-à-dire la Vie
intérieure spirituelle.
Cette parole : « Père, pardonne leur, car ils ne savent ce qu’ils font ! » doit être sans cesse sur
nos lèvres, lorsque nous sommes blessés, chagrinés, peinés par nos frères en humanité, quand
nous souffrons du fait d’autrui.
Acceptons notre souffrance, notre mortification. Non seulement pardonnons, mais aussi
remercions, rendons grâces. Eux, ils ne savent pas, mais nous, nous savons que la Loi des
Conséquences régit tous les événements et nous savons aussi que rien ne peut nous arriver
que nous ne l’ayons mérité. Les événements qui nous touchent si douloureusement sont : ou
des sanctions, ou des tentations, des épreuves, ce sont toujours des opportunités devant nous
permettre une certaine purification, tout en nous fortifiant ; c’est un moyen de rachat de fautes
passées ou une occasion d’affirmer notre décision de suivre la voie droite.
Et alors, à ce moment, mais à ce moment seulement, nous pourrons lever les yeux et les mains
vers le ciel, vers le Père et dire avec foi : « Père, pardonnez-nous comme nous pardonnons
aussi à ceux qui nous ont offensés ! ». « Comme », c’est-à-dire de la même manière, c’est-àdire
avec la même mesure, avec la même indulgence, avec la même pitié.
Remarquons bien comment Christ a commencé sa demande de pardon. Il a dit : « Père ». Ce
n’est pas à un juge qu’il s’adresse ; de même ce n’est pas à un juge que nous devons nous
adresser lorsque nous élevons les mains vers le ciel, mais à un Père, un Père qui nous aime et
qui aime pardonner comme tout père, lorsque son enfant fautif se repent et revient vers lui.
Souvenez-vous de la parabole de l’Enfant prodigue (Luc XV-12) : c’est vraiment un Père
éploré, mais de nouveau radieux qui ouvre ses bras pour accueillir son fils qu’il croyait avoir
perdu ? On oublie souvent que nous réclamons à cor et à cri à Dieu ce que nous ne voulons
pas accorder à nos frères. Nous désirons ardemment que l’on nous pardonne, mais nous ne
savons pas pardonner aux autres.
Cette Parole du Christ en Croix nous fait penser aussi à celle qu’Etienne, le premier martyr,
prononcera, en l’année 36 de notre ère, lorsqu’il sera lapidé, en présence de Saul qui
approuvait ce meurtre, mais qui deviendra Paul quelque temps plus tard, après sa conversion
sur le chemin de Damas.
Voici ce que nous rapportent les Actes des Apôtres au chapitre VII, verset 60 : « Puis, s’étant
mis à genoux, Etienne s’écria d’une voix forte : Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! ».
C’est le même cri de pardon. Le lapidé rejoint effectivement le Crucifié dans un même acte
d’amour.
Du haut de la Croix, Christ, par sa Première Parole, nous invite au véritable amour fraternel, à
la véritable charité telle que nous la dépeindra plus tard Saint Paul dans sa première Epître
aux Corinthiens, en son chapitre XIII, dont de nombreux extraits constituent une partie du
Service du Temple que nous sommes invités à lire tous les soirs.
Cette notion de Pardon exprimée dans cette Première Parole du Christ en Croix, nous la
trouvons dans un autre passage des Evangiles, en Matthieu XVIII-21 à 22. En effet, Pierre
pose la question suivante au Maître : « Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère,
lorsqu’il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu’à
sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois ».
Par cette expression de soixante-dix fois sept fois, Christ veut indiquer un nombre à peu prés
illimité. Déjà, dans la Genèse, nous avons trouvé une idée semblable, mais moins forte
pourtant, Genèse IV-24 : Caïn sera vengé sept fois et Lamech soixante-dix-sept fois.
Vous voyez la progression : Caïn, sept fois; Lamech, soixante-dix-sept fois, c’est-à-dire que le
pardon doit toujours être acquis. Qu’elle est donc loin la loi du talion qui ne connaissait pas le
pardon !
Remarquez l’utilisation constante de ce chiffre Sept, avec le nombre dix exprimant la
plénitude.
Oui, l’humanité ne sait pas et c’est pour cela qu’elle est dans les ténèbres, qu’elle erre dans la
nuit sans savoir où elle va. Mais comme elle ne sait pas, elle pourra être pardonnée et pourra
être sauvée un jour, car l’ignorance réclame une certaine indulgence que ne pourrait obtenir
celui qui fait le mal avec la conscience qu’il fait le mal. Mais nous, qui avons le privilège
d’entendre la Voix du Maître, nous qui savons, faisons en sorte que l’on reconnaisse, que l’on
remarque cette Connaissance acquise en considérant notre amour pour notre prochain, notre
indulgence envers celui qui nous blesse, notre tolérance pour celui qui est dans l’erreur : la
Vérité ne les illumine pas, soyons pour eux un foyer de Lumière, que leurs yeux s’ouvrent
comme ceux de l’aveugle-né se sont ouverts grâce au rayonnement merveilleux du Christ, La
Lumière du monde !
Deuxième Parole : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le
paradis » (Luc XXIII-43)
Ce verset a donné lieu à deux interprétations différentes suivant la position de la virgule. En
effet, le plus souvent on effectue la césure en unissant le mot « aujourd’hui » avec le
deuxième membre de la phrase, ce qui donne la signification suivante :
« ... tu seras aujourd’hui avec moi dans le paradis »
Toutes les traductions ne donnent pas la même version. Voici différents textes utiles à
consulter :
Segond : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».
Bible de Jérusalem et Bible du Cardinal Liénart : « En vérité, je te le dis dès aujourd’hui
tu seras avec moi dans le paradis », en insistant sur le fait que ce sera dès aujourd’hui.
Ostervald : « Je te le dis en vérité tu seras aujourd’hui avec moi dans le paradis ».
Bible anglaise : «Verily, I say Unto thee, to day shalt you be with me in paradise ». C’est
cette version qu’a dû connaître Max Heindel.
La Vulgate (Ch. Journet) : « Et dixit illi Jésus, Amen dico tibi, hodie mecum eris in
paradisio », ce qui donne : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le
paradis ». Ce texte de la Vulgate a une certaine importance, car c’est ce texte qui a surtout
inspiré les traducteurs.
Il y a lieu de signaler que le grec ne comporte aucune ponctuation, contrairement au latin qui
est très précis. Par conséquent, la ponctuation a été ajoutée par les traducteurs. Or, le
déplacement d’un signe de ponctuation change radicalement le sens d’une phrase.
Voici un exemple classique, en latin, que certains connaissent peut-être sans en savoir
l’origine :
PRO S0L0 PUNCTO CARUIT MARTINUS ASELLO :
Ce qui est traduit ordinairement par :
Pour un point, Martin perdit son âne.
En réalité, il ne s’agissait pas d’un âne, mais d’une Abbaye ; le vrai sens est : pour un
point, l’abbé Martin perdit son Abbaye Asello.
Voici l’origine de cette sorte de maxime. L’abbé Martin avait voulu faire inscrire sur le portail
de son monastère une devise pour aviser les voyageurs qu’ils y seraient bien accueillis, car
autrefois il n’y avait pas d’hôtels ou d’auberges comme aujourd’hui et souvent les monastères
recevaient les voyageurs et leur offraient le coucher pour la nuit. Les deux phrases de cette
invitation charitable étaient les suivantes :
PORTA PATENS ESTO . NULLI CLAUDARIS HONESTQ .
ce qui signifie :
La porte reste ouverte (en permanence). Elle n’est fermée à aucun honnête homme.
Mais le peintre (ou le sculpteur) s’est trompé en plaçant son point de ponctuation, ce qui
donnait le texte suivant :
PORTA PATENS ESTO NULLI . CLAUDARIS HONESTO .
ce qui signifie alors :
La porte est ouverte pour personne. Elle est fermée à tout honnête homme.
Il va sans dire que cette formule n’eut pas le don de plaire aux autorités ecclésiastiques qui
s’empressèrent de débarquer l’abbé Martin, qui s’en alla méditer ailleurs sur le danger de ne
pas mettre le point à la place convenable.
Pour notre verset de Luc, il en va à peu près de même. En effet, si l’on place la virgule à un
autre endroit de la phrase, nous aurons :
« En vérité, je te le dis aujourd’hui, (virgule), tu seras avec moi au paradis », mais dans un
sens indéterminé.
Ce qui nous incite à adopter cette solution plutôt que l’autre, car au jour de la résurrection,
c’est-à-dire le dimanche suivant la crucifixion, le Christ a dit à Marie de Magdala
s’approchant de lui :
« Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes
frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu »
(Jean XX-17).
Le texte est clair : le matin de ce Dimanche, Christ dit à Marie de Magdala : « Je ne suis pas
encore monté vers mon Père, mais maintenant je monte vers Lui ! ». Par conséquent, il n’est
pas possible d’admettre que Christ, sachant qu’Il allait descendre au Schéol, le lieu où se
trouvaient les décédés, et y rester plusieurs jours, Il ait pu promettre au larron d’être avec lui
au ciel le jour même de Sa mort. Christ aurait fait là une promesse qu’il n’aurait pu tenir, or
Sa « Parole est Vérité », nous a-t-Il dit maintes fois.
D’un autre côté, Christ devait savoir que l’Ego ne quitte pas immédiatement le corps, qu’il
existe une période de mort apparente pendant laquelle la Corde d’argent n’est pas brisée.
Preuve de cette affirmation, la résurrection de Lazare quatre jours après la mort apparente, en
effet :
« Marthe, la soeur du mort, dit à Jésus : Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est
là » (Jean XI-39). On était donc à la limite des trois jours et demi pendant lesquels il est
possible de ranimer un mort apparent et le Christ le savait bien.
Ce que nous devons comprendre dans la Parole du Christ au larron doit être ceci : par une
componction sincère, on arrive à nettoyer son atome-germe. Or, ce larron parait bien être dans
des dispositions convenables pour obtenir le pardon de ses fautes. Que dit-il, en effet, en
s’adressant à son compagnon :
« Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation ? Pour nous, c’est justice, car
nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes ; mais celui-là n’a rien fait de mal », termine-t-il
en désignant le Christ pendu à la Croix.
Ce bon larron, ainsi qu’on le désigne ordinairement, reconnaît qu’il a mérité sa peine : « C’est
justice ! ». L’acceptation du châtiment, en l’appliquant à la faute avouée, est la condition
essentielle pour obtenir la rémission des péchés. La faute a été peut-être grave, très grave,
mais le châtiment est également très cruel ; il y a une sorte de compensation, d’équilibre des
plateaux de la balance. Le larron a compris l’expérience à laquelle il a été soumis.
Remarquez, du reste, qu’il est probable que, dans une vie à venir, ce bon larron se retrouvera
en présence d’une opportunité semblable à celle qui l’a conduit au crime. C’est à ce moment
seulement qu’il sera réellement libéré, s’il résiste à l’épreuve et suit la voie droite ; car une
faute n’est définitivement effacée qu’au moment ou l’on peut prouver que l’on est capable de
ne plus la commettre, car on a acquis une conscience suffisante pour discriminer le bien du
mal et pour éviter de commettre, de nouveau, le même mal.
Faisons un rapprochement :
La Première Parole du Christ fut : « Père, pardonne-leur … », la Seconde Parole est
l’application immédiate de cette prière : le pardon du malfaiteur compatissant et animé d’une
componction sincère. Le Pardon imploré par Christ vers son Père, ce Pardon descend déjà sur
l’humanité et le compagnon de douleur en est le premier bénéficiaire. N’est-ce pas une lueur
d’espérance devant nous réjouir, en songeant que nos fautes passées, nous ne les porterons pas
indéfiniment sur les épaules, mais que viendra un jour où elles seront effacées par la charité,
le service, car, remarquez-le bien, ce malfaiteur s’est penché sur le sort du Christ, il s’est
apitoyé sur cette souffrance, et c’est cet acte de charité qui lui ouvre les portes du ciel.
Nous sommes surpris que Max Heindel, dans « Philosophie par Questions et Réponses »,
Tome I, question 99 (cours de Bible N° 25), ait pu écrire que cette partie du récit des
Evangiles concernant les voleurs soit un pur incident, sans aucune signification ésotérique. En
méditant quelques instants, nous pouvons quand même y voir une sorte d’image symbolique
du jugement des âmes.
Au milieu, les bras en croix, c’est le Juge, le Christ prêt à pardonner à ceux qui font montre de
componction. A droite, ce n’est pas seulement le malfaiteur repentant, mais ce sont tous les
pécheurs reconnaissant leurs torts, les regrettant et prenant la ferme résolution de ne plus
recommencer ; ce sont, par exemple, tous les membres de l’Association Rosicrucienne
observant la règle de la rétrospection, c’est toute l’humanité pécheresse mais repentante. Ceux
de droite, dans le symbole mystique, ce sont ceux qui espèrent vers un meilleur comportement
et qui désirent être sauvés.
A gauche, ce n’est pas seulement le malfaiteur cristallisé dans son erreur, ce sont tous les
hommes marchant dans les ténèbres, ne voyant pas la lumière et qui devront nécessairement
revenir sur Terre de nombreuses fois encore, afin d’ouvrir les yeux à cette Lumière Christique
que le Bon Pasteur désire retrouver, un jour, dans Son troupeau.
Les deux voleurs et le Christ, c’est toute l’humanité considérée sous ses deux aspects de
positif et de négatif, entourant son Sauveur, même si elle l’ignore. Cette sorte de triptyque a
donc une valeur symbolique inspirant la confiance en la miséricorde divine ; nous ne serons
jamais irrémédiablement condamnés pour nos fautes : une pensée d’amour désintéressé, un
acte de charité gratuit, permet d’effacer une faute. Nous sommes loin ici des peines éternelles
de l’enfer : « Bien que tu aies péché, garde l’espoir d’aller aussi au paradis » semble nous dire
le Christ en Croix.
Troisième Parole : « Femme, voilà ton fils : - Voilà ta mère » (Jean XIX-26 & 27)
Voici le texte complet : « Jésus, voyant sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’Il aimait, dit à
sa mère. Femme, voilà ton fils. - Puis Il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, de ce moment, le
disciple la prit chez lui » (Jean XIX-26 & 27).
Nous ne devons pas oublier que l’Ego n’a pas de sexe particulier, il n’est ni homme, ni
femme, de même que les Anges, ainsi que l’indique Marc (XII-25) : « ... car, à la résurrection
des morts, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes, de maris, mais ils seront
comme les Anges dans les cieux ».
Par conséquent, lorsque l’on songe à Marie, la mère de Jésus, il ne faut pas s’hypnotiser sur la
féminité ou la maternité, mais considérer l’Ego qui s’est incarné dans le corps physique de
Marie.
Et, c’est pour la même raison qu’il était nécessaire que les corps de Jésus soient choisis d’une
façon toute particulière afin qu’ils pussent être le vêtement du Christ, pour la même raison il
était nécessaire que Marie soit d’une pureté exceptionnelle, pour pouvoir enfanter le corps de
Jésus dont nous connaissons les conditions particulières de perfection nécessaires. Il faut un
vase pur pour pouvoir contenir de l’eau pure.
L’Ego Marie devait donc être un haut Initié dans une vie précédente ; il devait posséder des
qualités psychiques et spirituelles importantes. La tradition occulte indique que l’enfance de
Marie se serait écoulée dans un milieu essénien, c’est-à-dire d’une pure religiosité ; les
esséniens étaient la troisième secte importante existant du temps de Jésus, dont il n’est pas
question dans les Evangiles, peut-être à dessein.
Si l’on considère le Mystère de l’Assomption, par lequel le corps de Marie aurait été enlevé
au ciel après sa mort, on est en droit d’admettre :
premièrement, que le corps physique de Marie aurait subi la même transmutation que 1e
corps physique de Jésus abandonné au tombeau par le Christ ; une tradition envisage que,
pour cette transmutation, Marie aurait été aidée par Jésus lui-même et par des Anges.
deuxièmement, que Marie fait partie actuellement des Frères Aînés, de ces entités
chargées d’aider à l’évolution de l’humanité. Ce n’est là qu’une supposition, mais
absolument admissible pouvant être envisagée et qui donne une certaine valeur au culte
de la Vierge, à condition toutefois que l’on ait conscience que cette « Marie » n’est pas la
mère de Dieu, ce qui serait impensable, mais un Frère Aîné susceptible de nous servir de
guide ici-bas.On peut être surpris de cette appellation de « Femme ». Ce mot, qui pourrait choquer, rappelle
une expression semblable que nous trouvons également dans l’Evangile de Jean. Il s’agissait
du premier miracle du Christ aux noces de Cana. Nous trouvons en effet : « Le vin ayant
manqué, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont plus de vin ». Jésus lui répondit : « Femme, qu’y at-
il entre toi et moi ? Mon heure n’est pas encore venue » (Jean 11-3 et 4). Dans les deux cas,
c’est Christ qui s’adresse à une femme qu’Il sait ne pas être sa mère, car Marie est la mère de
Jésus seulement, il ne faut pas l’oublier. Il ne pouvait, en vérité, l’appeler autrement que
« femme » ; peut-être dans un souci d’égards particuliers envers cet être merveilleux,
devrions-nous traduire par : « 0 femme », en admettant que Christ avait mis, Lui-même, un
accent emphatique en prononçant ce mot. Il faudrait connaître exactement les mots araméens
utilisés par le Christ en prononçant cette phrase ; on verrait peut-être alors que la traduction
« 0 femme » est plus correcte.
Il est toutefois curieux de constater que dans l’Evangile de Jean, Christ commence sa vie
publique et la termine en s’adressant à Marie, en utilisant le même mot : « femme ». Toute Sa
vie publique est comme encadrée par cette évocation de la femme qui, tout naturellement,
nous conduit à l’idée de mère.
Aussi, ne sommes-nous pas étonnés qu’après avoir dit la première fois : « Qu’y a-t-il entre toi
et moi ? », laissant supposer une sorte de différence de degrés entre Marie et Christ (c’est au
moins un des sens que l’on peut donner à cette expression), Christ dit la deuxième fois :
« Voilà ton fils », c’est-à-dire exprime une identité.
Christ n’appartient pas à la même vague de vie que notre humanité, mais au contraire, Marie,
Jésus et Jean font bien partie eux, de la même vague de vie ; ils sont trois Egos provenant de
trois Esprits-Vierges issus d’un même Foyer, d’un même Logos.
Ainsi, dans cette Troisième Parole du Christ sur la Croix, Christ met au premier plan la notion
de Fraternité universelle, Fraternité qu’Il avait déjà proclamée, une fois, lorsqu’Il répondit :
« Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Quiconque fait la Volonté de Mon Père, qui est
dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma soeur, et ma mère » (Matthieu XII-48, Marc III-
35).
Du reste, en hébreu et en araméen, le mot « frère » a un sens très large ; il signifie à la fois :
frère, parent (ou oncle, neveu, cousin), concitoyen, ami, prochain.
Par conséquent, aux yeux du Christ agonisant sur la Croix, Marie et Jean symbolisent
l’humanité sous le double aspect féminin et masculin, mais aussi sous celui de la véritable
famille universelle. C’est déjà la notion du Corps Mystique du Christ, dont tous les êtres
humains sont les membres, ainsi que l’indique si bien Paul dans l’Epître aux Romains :
« Nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres »
(XII-5). Christ posait ainsi les premiers fondements de la Religion du Père, ainsi que l’indique
Max Heindel dans la Cosmogonie des Rose-Croix.
« L’idéal de la Religion du Père sera d’éliminer toute distinction en fondant tous les êtres en
Un seul, de telle sorte qu’il n’y aura plus ni Toi, ni Moi, et que les hommes ne feront plus
qu’Un en réalité. Cet idéal ne sera pas atteint tant que nous habiterons ce globe physique,
mais dans une phase ultérieure de notre évolution ».En attendant, Christ, en ouvrant Ses bras comme pour nous appeler à Lui, et nous serrer tous
ensemble sur Son coeur, Christ nous invite à ne former qu’une grande famille universelle.
« Femme, voilà ton fils » et : « Voilà ta mère ».
Le verset se termine par ces mots : « Et de ce moment, le disciple la prit chez lui », c’est-àdire
qu’il y eut immédiatement acceptation de cette invitation, pour nous inciter à cette charité
merveilleuse consistant à accueillir, chez nous, celui ou celle qui souffre, celui ou celle qui est
seule, sans protection, sans toit.
Nous devons faire encore une remarque à propos de cette Troisième Parole, ce Jean appelé à
devenir le fils adoptif de Marie, ce Jean se réincarnera plus tard sous le nom de Christian
Rosenkreuz, fondateur de l’Ordre de la Rose-Croix, dont l’enseignement est plus
spécialement réservé à ceux dont la raison domine le coeur, la foi.
Si les temps à venir doivent voir triompher l’union de la foi et de la raison, nous constatons
que Christ en Croix préfigure cette union en rapprochant Marie, symbole d’Amour et de Foi,
de Jean, le futur Christian Rosenkreuz ; le guide de ceux qui croient davantage aux vertus de
la Science.
Au pied de la Croix, cette union Foi/Raison était déjà en potentiel et, au-dessus, les bras
largement ouverts, Christ appelait à Lui l’humanité entière pour communier dans un même
Amour et une même Connaissance.
Quatrième Parole : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
(Matthieu XXVII-46, Marc XV-34)
Le texte araméen donné dans les Evangiles est : « Eli, Eli, lama sabachthani ? » En
s’appuyant sur les travaux de Saint Jérôme, la tradition a donné comme référence à cette
Parole, le verset 2 du Psaume XXII, 1e Psaume de la déréliction.
Ce verset du Psaume donne bien : « Mon Dieu, Mon Dieu, Pourquoi m’as tu abandonné ? »
mais la transcription phonétique du texte hébreu ne donne pas :
lama sabachthani, comme indiqué dans les Evangiles,
mais lama azavthani.
Que signifie donc le mot sabachthani utilisé dans les Evangiles ? Il signifie : Tu m’as loué, tu
m’as glorifié ! Car il faut le rattacher à la racine hébraïque et araméenne « sabath »,
signifiant : louer, glorifier, et non à la racine araméenne « sabaq », signifiant laisser.
Par conséquent, la Parole prononcée par le Christ ne serait pas :
« Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ? »
Mais : « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as tu glorifié ? »
ou, mieux encore :
« Mon Dieu, Mon Dieu, combien tu m’as glorifié »
Ce qui donne un sens tout à fait opposé à celui qui est accepté ordinairement. Cette
signification de « glorification » est celle adoptée par Max Heindel ; elle l’est également par
Charles Lancelin dans « la Sorcellerie des Campagnes » où il cite un passage de la « Doctrine
Secrète » de H.P. Blavastsky, volume V, page 163. Dans la « Vie des Maîtres », de Spalding,
page 261, nous trouvons ce texte : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi M’as-tu abandonné ? »
Cette transcription est complètement inexacte.
Les vraies paroles furent : « Mon Dieu, mon Dieu, tu ne m’as jamais abandonné ni aucun de
tes enfants, car tes enfants peuvent venir à Toi comme j’y suis venu. Ils peuvent voir ma vie
telle que je l’ai vécue. En la vivant, ils incorporeront le Christ et deviennent Un avec Toi.
Dieu mon Père. Je n’ai jamais eu une pensée de désertion, ni de séparation ».
Pourquoi ce contresens a-t-il été donné au texte de Matthieu ? On donne ordinairement la
raison suivante : la formule qui terminait, dans les Mystères d’Egypte, la prière d’actions de
grâces de l’Initié était justement : « Mon Dieu, mon Dieu, combien tu me glorifies ! ».
Si Saint Jérôme avait conservé ce sens, il aurait admis que Jésus était un Initié se rattachant
aux Grands Mystères, aux Grandes Initiations remontant à l’Egypte ; c’était donc affirmer
l’existence d’une tradition ésotérique, ce qui était contraire à l’opinion de certains Pères de
l’Eglise de cette époque, lesquels dénonçaient comme hérétiques toutes les sectes chrétiennes
n’observant pas scrupuleusement les avis autorisés commençant déjà à former des dogmes
que l’on n’avait pas le droit de discuter.
Une fois de plus, nous devons regretter de ne pas posséder le texte original des Paroles du
Christ, telles qu’Il les a prononcées.
D’un autre côté, cette interprétation de la Parole du Christ permettait de rattacher l’agonie de
Celui-ci au Psaume de déréliction XXII, qui sera encore utilisé avec ses versets 17 : « Ils ont
percé mes mains et mes pieds », et 19 : « Ils se partagent mes vêtements, ils tirent au sort ma
tunique ».
Cela permettait de mieux exalter le renoncement du Christ qui, non seulement est abandonné
de tous ses amis et disciples, mais même encore de Dieu, ce qui est le comble dans une agonie
désespérante.
Mais au fond, pourquoi Dieu abandonnerait-Il Celui qu’Il a accepté d’envoyer en mission sur
Terre ? Pourquoi, au moment où son Sacrifice apparaît comme le plus cruel, serait-Il
abandonné par Son Père ? Si quelqu’un doit, au contraire, Le soutenir et Le consoler, c’est
bien Dieu, le Père.
Du reste, si l’on on examine de plus près les Saintes Ecritures, on remarque, dans Luc XXII-
41, au moment où Christ s’écrie dans le Jardin des Oliviers : « Père, si tu voulais éloigner de
moi cette Coupe ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne ! ». On remarque :
« Alors un Ange lui apparut au ciel, pour le fortifier ». Si un Ange est venu fortifier le Christ
dans le Jardin des Oliviers, pourquoi voulez-vous que Dieu L’abandonne alors qu’Il est sur la
Croix ? Ce qu’un Ange a fait, Dieu doit le faire au centuple et, au lieu de L’abandonner, Il
doit Le glorifier.
C’est, d’ailleurs, ce qu’Il a fait et Paul, dans l’Epître aux Philippiens, nous indique : « C’est
pourquoi Dieu L’a souverainement élevé, et Lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout
nom ». (II-9), passage que Max Heindel a inséré dans la Prière rosicrucienne.
Dans ce verset, le mot « élevé » suggère l’image de l’holocauste du sacrifice que l’on
« élève » vers Dieu comme la chose sanctifiée offerte à la Gloire et à la Majesté du Très-Haut.
En résumé, nous estimons que la quatrième Parole du Christ en Croix est comme une action
de grâces s’élevant du coeur de l’Archange merveilleux qui se réjouit de contempler la
réalisation de cette Mission magnifique : Christ s’est volontairement offert pour venir sauver
ce qui était perdu, Dieu a accepté cette proposition éminemment charitable et désintéressée et,
maintenant, Christ fait rejoindre Son sentiment d’humilité, d’avoir accepté de prendre un
corps humain, au sentiment de satisfaction d’avoir réussi et de se trouver placé sur un plan
encore plus élevé, qu’Il considère comme une récompense plus grande que celle qu’Il aurait
espéré : « Mon Dieu, mon Dieu, combien Tu me glorifies aujourd’hui ? Ai-je mérité que Tu
me glorifies ainsi ? » C’est ce qu’a voulu exprimer le Christ dans cette quatrième Parole.
Du reste, le cri de détresse du Christ, tel qu’il est ordinairement accepté, constitue « un
scandale pour la foi de beaucoup ». Cette appréciation n’est pas de moi, je l’ai trouvée sous la
plume du Père Ch. Journet lui même, dans son ouvrage : « Les Sept Paroles du Christ en
Croix », page 83. Oui, de nombreux chrétiens se demandent effectivement pourquoi cet
abandon par Dieu à un moment si pénible de la Mission du Christ, ferait mettre en doute la
bonté et la miséricorde de Dieu et serait un affront à notre espérance de trouver un secours en
lui au moment où, nous en aurions le plus besoin.
Dans les moments de désespoir, du fait de souffrances ou de calamités, comment espérer une
consolation divine, si l’on songe que Christ Lui-même n’a pas obtenu celle-ci de la part de
Son Père, duquel Il se trouve abandonné ! Au contraire, l’acceptation de nos misères, la mort
à soi-même, deviendra l’espérance d’une illumination finale, la glorification du sacrifice, que
l’on doit considérer comme le seul moyen de payer ses dettes passées.
Cinquième Parole : « J’ai soif ! » (Jean XIX-28)
Seul, Jean rapporte cette parole émouvante et encore, il la donne comme étant la confirmation
d’une prophétie. Le contexte est le suivant : après cela (après avoir confié sa mère à Jean et
inversement) Jésus, qui savait que tout était consommé, dit, afin que l’Ecriture fût accomplie :
« J’ai soif ! ».
Les textes prophétiques de l’Ancien Testament en question sont :
d’une part, le Psaume XXII-16 : « Ma force se dessèche comme l’argile, (cuite au
feu), et ma langue s’attache au palais ».
d’autre part, le Psaume LXIX-22 : « Pour nourriture, ils me donnent de l’herbe
amère, dans ma soif, ils m’abreuvent de vinaigre ».
En effet, Jean XIX-29, Matthieu XXVII-34, montrent un soldat offrant à boire à Jésus, en
ayant fixé une éponge de vinaigre à l’extrémité d’un roseau, d’une lance ou d’une touffe
d’hysope, qui servait à asperger lors des sacrifices.
Nous ne devons jamais oublier la double nature du Christ Jésus : il y avait là un corps
physique et un corps éthérique d’un homme. Par conséquent, dans son agonie, combien
longue et cruelle, le Christ a connu effectivement quelle était la souffrance humaine, la
douleur de la chair blessée et, quoique Archange, Il n’a pas pu s’empêcher de pousser ce cri
humain correspondant exactement à une soif horrible, une soif explicable du fait des plaies de
la flagellation et des autres pertes de sang dues à la crucifixion. Par ce cri, Christ exhale la
plainte de la nature humaine qu’Il a accepté volontairement de prendre pour nous sauver.
Cette soif, rien ne pourra l’apaiser et la mort sera l’unique délivrance possible. Et encore, estce
bien vrai ? Est-ce bien vrai que le Christ n’ait plus soif ? Car Sa soif était-elle uniquement
une soif physiologique du moment ?
Revenons un moment sur quelques versets importants du chapitre XXV de Matthieu (35 à
46), dans lesquels Christ nous dit d’abord :
« Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; J’ai eu soif et vous m’avez donné
à boire ; etc.... »
Mais Il a dit aussi :
« Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif et vous ne
m’avez pas donné a boire ; etc... »
A cela, Lui répondront ceux qui sont à Sa gauche : « Quand t’avons nous vu ayant
faim, ou ayant soif, etc... ? »
Et Christ leur répondit :
« Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un de
ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait ».
Vous comprenez qu’à chaque fois que nous omettons un acte de charité, que nous nous
détournons de celui qui souffre, qui a faim, qui a soif, c’est du Christ que nous nous
détournons ; actuellement encore, là où Il se trouve, Il souffre de notre égoïsme, de notre
dureté de coeur, de notre indifférence en présence de la misère de nos frères.
Lorsque vous serez dans le secret de votre chambre, que vous vous recueillerez et que vous
penserez à tous ceux qui ont faim dans le monde et qui souffrent d’une insuffisance
quelconque, prêtez l’oreille, écoutez dans le silence de votre coeur, et vous entendrez encore
ce cri déchirant : « J’ai soif ! » que le Christ lance encore après près de deux mille ans !
Mieux que le soldat romain, puissiez-vous offrir une boisson réconfortante, un secours
efficace, un soulagement réel !
Si nous admettons (et c’est réel) que le Christ souffre actuellement du mal commis dans le
monde, nous devons admettre aussi qu’Il doit ressentir un soulagement, une consolation, en
considérant les actes de charité, d’amour, de service désintéressé de ceux qui ont su entendre
ce cri ; « J’ai soif ! » et qui veulent essayer de calmer cette douleur.
Faisons donc partie de cette phalange de bons serviteurs se laissant émouvoir par les
souffrances de l’humanité et surtout sachant compatir à celles-ci et cherchant à les soulager
suivant ses possibilités. Si le Christ eut soif sur la Croix, allons vers les déshérités qui ont soif
et faim aussi de quoi que ce soit et, alors, c’est réellement du Christ que nous apaiserons la
soif et la faim !
Sixième Parole : « Tout est consommé » (Jean XIX-30)
L’expression latine consacrée est : « Consommatum est ». Ce n’est pas là un gémissement
d’agonie, mais un cri de triomphe, car l’oeuvre, pour laquelle le Christ est venu s’incarner en
Jésus, est accomplie en partie, le but est atteint.
Accomplie en partie, avons nous dit : parce qu’il faut considérer deux étapes dans la Mission
du Christ. La première étape constitue Son oeuvre pendant les trois années qu’Il a passées sur
Terre, dans une enveloppe humaine, alors qu’Il parcourait la Judée et la Galilée, enseignant
directement les foules et guérissant les malades.La seconde partie de cette Mission a commencé justement au moment de la mort du Christ,
lorsque Celui-ci a pris possession du Corps du Désir de la Terre ; une purification continue se
poursuit, une spiritualisation se réalise progressivement et cela grâce à l’influence
bienfaisante de Christ, qui Est toujours avec nous, ainsi qu’Il nous l’a dit : « Et voici, Je suis
avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu XXVIII-20).
Ce « Consommatum est », que l’on traduit ordinairement par « tout est consommé », signifie
également : « tout est parfait », étant donné le double sens de perfection et d’achèvement,
d’accomplissement, ainsi que l’indique, du reste, le mot hébreu unique que dut prononcer le
Christ : « nischlam ! », dans lequel est exprimée effectivement cette idée d’achèvement,
d’accomplissement.
Remarquons que, par Sa mort, Christ s’est détaché de la Croix de la matière au double point
de vue suivant :
D’abord, effectivement Il a quitté le corps physique de Jésus cloué sur la Croix, Il a donc
quitté le bois matériel de la Croix, instrument de Son supplice, mais, en même temps, Il
détachait le corps vital du corps physique, en défaisant les liens mystérieux qui se trouvent
aux cinq points suivants ; les deux mains, les deux pieds, où les clous avaient pénétré, et le
pourtour de la tête recevant les pointes acérées de la couronne d’épines ; ces cinq endroits
correspondent aux cinq pointes de l’étoile stigmatique.
Les Evangiles étant autant de Manuels d’Initiation et l’Imitation de la Vie du Christ devant
être notre programme en cette vie, nous voyons facilement quelle est notre mission
personnelle, lors de notre passage sur cette Terre :
Nous détacher aussi de la Croix de la Matière !
Pour l’instant, nous sommes invités à porter notre Croix, c’est-à-dire à accepter, en toute
conscience, les conséquences de nos fautes passées ; nous devons porter cette Croix, parfois
lourde et meurtrissant notre épaule, sur une route parsemée de pierres et de ronces ; nous
tomberons sans doute plusieurs fois sous le poids de cette Croix et du fait des difficultés du
chemin, mais nous devrons nous relever à chaque fois pour continuer notre effort pour gravir
le sentier menant au Golgotha.
Au cours du chemin, nous devrons nous purifier, alimenter notre Corps de l’âme par des
prières ; mais aussi et surtout par des actes de charité envers notre prochain, par des services
désintéressés.
Peu à peu, les liens se feront plus souples jusqu’au moment où nous pourrons nous libérer et
retirer les clous de fixation. Quand cette séparation sera réalisée, nous pourrons dire, nous
aussi :
« Consommatum est ! »
Et nous ajouterons : « Nous vous rendons grâces, ô Dieu, tout est consommé, nous avons
brûlé tous nos déchets, toutes les traces des fautes passées ; tout est consommé, tout est
terminé, l’oeuvre est accomplie, le Grand OEuvre Alchimique est réalisé, le but est atteint,
notre mission est remplie ! ».
Cette réalisation peut être atteinte grâce à une vie de « Service » et en renversant le courant de
la force créatrice qui, au lieu de descendre, poursuit une ascension et vient éveiller les centres
sensoriels endormis : le coeur, la thyroïde, le corps pituitaire et la glande pinéale.Nous recommandons la récitation régulière de la Prière rosicrucienne, en s’évertuant à ne pas
se contenter de lire machinalement, mais en s’efforçant de comprendre chaque mot, en
particulier en se concentrant sur chacun des vers relatifs à un des centres spéciaux, en faisant
effort pour faire tourner ceux-ci dans le sens des aiguilles d’une montre et en essayant de voir
la Lumière qui se trouve en chacun d’eux.
Christ, la Lumière du Monde, n’a pas eu à effectuer ces exercices ; Il devait, au contraire,
maîtriser son taux de vibrations afin de ne pas désintégrer les corps physique et éthérique que
Lui avait prêtés Jésus. Mais nous, dont les pouvoirs latents demandent, au contraire, à être
dynamisés, nous devons tout mettre en oeuvre pour développer cette énergie en sommeil.
Avant que nous puissions, comme Christ, annoncer triomphalement : « Consommatum est ! »,
nous aurons certainement à remplir plusieurs vies d’efforts et de purifications. Mais nous
devons considérer que nous ne pourrons achever, parfaire, consommer notre Mission, qu’en
suivant, comme Christ, le sentier qui monte vers le Golgotha, le Lieu du Crâne, d’où nous
pourrons nous échapper, à notre tour, en prenant notre essor vers les régions plus subtiles, à la
rencontre du Christ, notre Maître merveilleux.
Songeons aussi que Christ a dit qu’« II était venu faire la volonté de Celui qui L’avait
envoyé » (Jean VI-38). « Consommatum est » signifie donc aussi : « J’ai accompli Ta
volonté ! » Que ce soit là, pour nous, un mot d’ordre, un exemple à suivre ! Faire la volonté
de Dieu, c’est accepter le destin qu’Il nous impose, non par fantaisie, mais parce que c’est le
destin que nous méritons du fait de notre karma.
L’acceptation de notre destin est donc un élément de la réalisation de la volonté divine ; nous
ne pouvons pas récriminer de voir dans quelle situation nous nous trouvons ; nous ne devons
pas jalouser ceux qui apparaissent mieux fortunés que nous : ils ont leur lot, nous avons le
notre et c’est justice.
Par conséquent, lorsque nous aurons réalisé consciencieusement la Mission qui nous était
dévolue sur Terre, nous pourrons dire aussi : « Consommatum est ! Ce que, mon Dieu, Vous
attendiez de moi, je l’ai réalisé au mieux de mes forces et de mes possibilités, j’ai accompli
Ta volonté dans le lieu et le milieu que Tu m’avais destinés, au travers des circonstances que
Tu avais prévues pour me permettre de m’élever, en cette vie, sur une spire supérieure de la
grande Spirale évolutive ».
Septième Parole : « Père, je remets mon esprit entre tes mains »
(Luc, XXIII-46 ; Psaume XXXI-6)
Quelle façon merveilleuse d’exprimer un phénomène auquel on donne ordinairement un nom
entaché d’un préjugé sinistre : la mort !
La mort n’est qu’un passage d’un état à un autre ; on quitte le plan physique et le véhicule
correspondant (le corps physique) et l’on pénètre dans un autre monde, dans d’autres mondes
aussi réels que notre monde physique, où nous continuons à vivre, dans de nouvelles
conditions.
On commence cette nouvelle vie post-mortem par le déroulement d’un panorama de notre
existence venant à s’achever ; cela permet d’établir le bilan de nos actions, de nos pensées, de
nos erreurs, et cela permet une sorte de jugement dont les sanctions seront subies au
Purgatoire et dans le Premier Ciel.
Une expression commune est celle-ci : « être entre les mains de la justice », pour indiquer que
l’on va devoir comparaître devant un juge qui décidera de notre sort, en nous condamnant ou
en nous acquittant. Ici, le juge n’a aucun aspect sévère, car ce juge est un Père, notre Père qui
est aux Cieux.
Christ aurait pu dire : « Père, ô mon juge bienveillant, je remets mon esprit entre les mains
d’une justice infinie ! ».
Il est évident que Christ ne doit pas affronter le courroux d’un juge devant prononcer un avis
défavorable, quoiqu’il ne faille pas oublier que, sur tous les Plans de la Manifestation,
chacune des entités travaille à sa propre évolution et peut se tromper. Aussi, s’il existe des
retardataires dans toutes les vagues de vie des douze Hiérarchies, cela indique que des erreurs
sont commises à tous les degrés de l’échelle des entités et cela explique que Christ, Luimême,
pourrait être appelé à rendre des comptes sur la façon dont Il a rempli sa Mission,
Mission qu’Il avait accepté volontairement d’assumer.
Mais la Septième Parole du Christ en Croix : « Père, je remets mon esprit entre tes mains »
doit nous inciter à adopter une attitude semblable lorsque, à notre tour, nous devrons quitter
cette vallée de larmes (ainsi que l’on désigne souvent la Terre), et que nous devrons nous
présenter devant le Juge, qui évaluera notre vie en établissant le bilan du crédit et du débit, du
bien et du mal.
Mais ce ne serait pas suffisant si nous attendions ce passage de l’autre coté du voile pour
songer à ce jugement. C’est chaque jour que nous devons songer à remettre notre esprit entre
les mains du Père et prononcer, en Son Nom, le verdict sanctionnant notre comportement au
cours de la journée venant de finir. Ne nous contentons pas d’examiner ce que nous avons fait
pour déterminer si ce fut bien ou si ce fut mal, mais efforçons-nous de rechercher ce que nous
avons oublié de faire ; les services désintéressés que nous n’avons pas offerts, la bonne parole
que nous n’avons pas dite, le sourire que nous n’avons pas laissé illuminer notre visage.
Si nous n’avons fait que le bien, nous ne sommes qu’un serviteur inutile, ainsi que nous
l’indique Christ en Luc (XVII-10 ) ; « Quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné,
dites : Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire ! », oui,
nous n’avons rien fait d’autre que nous conformer à la loi, 1a Loi de l’Ancienne Alliance,
mais nous n’avons pas mis en pratique les données de la Nouvelle Alliance, dont la Loi
d’Amour est le fleuron.
Faire ou ne pas faire ce que la loi prescrit ou défend, ce n’est pas assez, il faut faire davantage,
c’est ce que l’on oublie souvent.
Le bon serviteur, c’est justement celui qui va au devant de ce qu’on pourrait espérer de lui et
qui se consacre pleinement dans le « Service » de ses frères, d’une façon désintéressée, dans
le seul but d’être agréable à Dieu.
Quand Christ dit : « Père, je remets mon esprit entre tes mains », pouvait-Il apporter une
preuve de son Amour parfait ? Oui, si l’on s’en tient à ce verset merveilleux : « Il n’y a pas de
plus grand amour que de donner sa vie peur ceux qu’on aime » (Jean XV-13). Or, Christ a
« donné sa vie pour nous » (Jean, III-16) ; Il a donc fait la preuve de son Amour ; de plus,
cette mort du Christ, ce n’est pas un accident, mais une offrande volontaire, car Il le dit Luimême
: « Personne ne m’ôte 1a vie, mais je la donne de Moi-même, J’ai pouvoir de la
donner » (Jean X-18).
Pourrons-nous, nous aussi, faire la preuve de notre Amour ? Arriverons-nous, les mains
vides ? Qu’aurons-nous à déposer entre les mains du Père en même temps que nous y
déposerons notre esprit ?
Autant de questions qui nous inciteront à méditer sur cette Septième et dernière Parole du
Christ en Croix.
Il va nous falloir conclure.
Ces Sept Paroles du Christ en Croix ont tenté de nombreux exégètes et écrivains religieux ;
nous ne vous avons pas transmis une synthèse, un digest de ces études, mais simplement sept
Méditations personnelles que nous avons été conduit à faire en lisant, dans les Evangiles, ces
Sept Paroles. Nous avons simplement essayé de les comprendre avec un coeur et un esprit
formés par l’enseignement rosicrucien ; de plus, nous n’avons pas la prétention d’avoir tout
exprimé sur ce sujet.
Nous espérons que cet essai bien modeste vous incitera, à votre tour, à ouvrir les Evangiles et
à vous arrêter, de temps en temps, sur un verset, et de méditer profondément, en comparant
les interprétations acceptées ordinairement et celles éclairées à la Lumière de l’enseignement
rosicrucien.
Notre rôle n’est pas simplement de vous entretenir, pendant une heure, sur un certain sujet,
puis de vous dire : « Au mois prochain ! », mais d’éveiller en vous cette curiosité vous
poussant à rechercher vous-mêmes ce que nous avons découvert, et peut-être mieux que nous
ne l’avons fait, car c’est là notre désir : que vous montiez encore plus haut !
La caractéristique de l’enseignement rosicrucien, c’est le travail personnel de l’étudiant. Nous
ne pouvons faire l’effort que vous devez faire vous-mêmes, nous ne pouvons assimiler votre
nourriture spirituelle, c’est à vous de digérer et d’en extraire l’essence : personne ne peut le
faire à votre place.
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