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Par metanoia1 le 13 Janvier 2008 à 02:49
Jean-Valentin Andréae
Tous les auteurs qui se sont spécialisés dans létude des écrits Rosicruciens sont daccord pour attribuer à Jean-Valentin Andréae la paternité des "Noces Chymiques" et à le considérer comme un missionné de lOrdre des Rose Croix.
Jean-Valentin Andréae fut un des hommes les plus savants de son temps par ses connaissances profondes dans tous les domaines de la Science, exotérique et ésotérique.
Lauteur des "Noces Chymiques" est né le 17 août 1586, à Herrenberg, dans le duché de Wurtenberg. La famille dAndréae a laissé un souvenir durable en Allemagne : son oncle, Jacques est connu sous le nom du second Luther.
Son père Jean-Valentin, le septième des dix-huit enfants du chancelier Jacob Andréae, était surintendant de Herrenberg. Sa mère, Maria Moser fut une femme de grande piété, que son fils compare à Sainte Monique.
V. Andréae venait datteindre cinq ans quand son père fut nommé abbé de Königsbronn. Cest dans ce couvent, quil reçut sa première éducation. Vivant dans un milieu intellectuel, il se fit remarquer par une sensibilité extrême et une grande douceur ; la vivacité de son esprit était un sujet détonnement pour son entourage. Si bien que parmi les amis de son père, Marc Beumler sintéressa à lui et éveilla dans son jeune esprit le goût pour les sciences et les arts ; il apprit en même temps quelques langues .
Après la mort de son père, en 1601, sa mère alla demeurer à Tubingue avec six de ses frères et sueurs. Tubingue était à cette époque une université célèbre. Durant six années, V. Andréae y travailla avec passion, afin détendre ses connaissances, consacrant le jour aux sciences, la nuit aux lettres. Sil lut passionnément les auteurs anciens, il ne négligea pas les latinistes modernes ; de même, les mathématiques et le droit eurent le don de lintéresser. Le savant mathématicien, Maestlin, le maître de Képler, fut aussi le sien, et lavocat Christophe Besold, son professeur de droit, devint son ami.
Quoique préférant la solitude, il était néanmoins dun caractère enjoué et charmait par son entrain lorsquil voulait quitter un instant ses travaux. Bien quaidé pécuniairement par quelques amis de sa famille, il dut, pour payer ses inscriptions et faire vivre sa mère, donner des leçons à ses condisciples.
En 1603, il devint Baccalaurens. Il avait dix-sept ans. Ses débuts dans la carrière littéraire datent de cette époque. Il écrivit deux pièces de théâtre, Esther et Hyacinthe en sinspirant dauteurs anglais.
Lannée 1605 le vit Magister. Peu après, il commença ses études théologiques et prêcha plusieurs fois. Cependant le manque de sommeil et un affaiblissement de la vue provoqué par son acharnement au travail, aboutirent à un surmenage intellectuel, qui affaiblit sa mémoire. A la suite dune folle équipée, entraîné par ses camarades, il se vit obligé dinterrompre sa carrière, ce qui lui fit perdre ses bénéfices et la perspective dentrer dans la hiérarchie ecclésiastique ; il dut même quitter momentanément le Wurtemberg. La conséquence fut, quà partir de 1607 jusquen 1614, il est contraint à une vie errante, dans lespoir de retrouver, en voyageant, la santé du corps et la paix de lâme.
Alors commença pour lui une série de tribulations qui, loin de le décourager, lui apprirent bien des choses quil neut pas connues, sil était demeuré simple Magister à Tubingue. Sa première étape fut Strasbourg ; elle est de courte durée. Revenu à Tubingue, il se vit refuser par lélecteur Jean Frédéric, la réintégration dans son ancien poste. Renonçant alors à la carrière ecclésiastique, et aux études théologiques, il se fit instituteur.
A Lauingen, sa deuxième étape, il resta peu de temps, ayant rencontré une société semblable à celle à qui il devait tous ses malheurs. Il vint ensuite à Dillingen, où il se lia avec des Jésuites.
De retour à Tubingue, il devint, durant les années 1608 à 1610, précepteur de jeunes gentilshommes allemands, les fils Truchsess. On lui doit vers cette époque, quelques écrits pédagogiques. Durant ses loisirs, il apprit à jouer du luth et de la guitare, et fréquenta les ouvriers des différentes professions, surtout les horlogers. Enfin, encouragé par les amis de sa famille, il reprit goût aux études théologiques.
Lannée 1610 marque une époque décisive dans la vie dAndréae. Repris par la nostalgie des voyages, il part pour la Suisse. Après avoir visité Zurich et Bâle, en artiste, il séjourna à Genève pour y étudier. Tout de suite, il se lia avec le prédicateur Jean Scaron. Dans ce milieu nouveau pour lui, il fut surpris et charmé de voir que les théologiens les plus considérés nattachaient quune importance secondaire aux différences dogmatiques qui divisaient les théologiens allemands. Quoiquil soit luthérien, il est attiré vers eux et cette disposition morale influera dorénavant sur sa vie. Un séjour en France le confirma dans cet état desprit.
Retourné à Tubingue, il entra comme précepteur chez Mathieu Hasenresser, célèbre professeur de théologie, lequel eut beaucoup dempire sur lui. Il publia même, plus tard, un abrégé de la doctrine dogmatique de son maître.
Cependant lhumeur instable de V. Andréae nétait pas satisfaite. Son ami Ch. Besold lui ayant appris litalien ; il résolut de se rendre au pays des Doges. Il traverse lAutriche, séjourne quelques temps à Venise, puis à Rome. Revenu en Allemagne, dans le Wurtemberg, il reçoit un meilleur accueil du duc Jean-Frédéric qui, peut-être, aurait mieux aimé lui donner un emploi séculier quune charge ecclésiastique. Le duc lui décerna le grade de Commensal au couvent de Tubingue et créa spécialement pour lui un cours de théologie. Toutefois pour subvenir à ses besoins, il donne quelques leçons particulières, mais accroît aussi ses relations et le nombre de ses amis.
Nommé Diaconus à Vaihingen (Wurtemberg), au printemps de 1614, il se marie le 2 août de la même année avec Elisabeth Grüninger. Cette longue période dincertitude et de préparation venait de prendre fin. Une nouvelle vie commença pour lui.
Au cours de ses voyages, en Allemagne, en Suisse, en France, en Autriche et en Italie, il fut à même de rencontrer des Adeptes de la Fraternité mystérieuse des Rose-Croix.
Sil existe encore quelques doutes sur la véritable histoire de la Fraternité, son existence est maintenant prouvée. Elle nous a laissé de sa réalité les mêmes preuves que toutes les sectes religieuses, philosophiques et politiques.
Quel fut lInitié qui jugeant V. Andréae apte à devenir le porte parole des Rosicruciens, lui donna les moyens, de se faire reconnaître deux ? nul ne le sait. Il est certain quil lui fut ordonné de rompre le silence qui, jusqualors, enveloppait la Fraternité, et à participer à laccomplissement du Magnum opus.
Le premier manifeste quil publia, en décembre 1644, sous le titre : Gloire de la Fraternité et Confession des Frères de la Rose-Croix, est lexposé de la Réforme générale de lHumanité que préconisaient les Initiés Rosicruciens. Il contient le récit allégorique de la vie de Christian Rosencreutz, et de la découverte de son tombeau, allégorie sous laquelle on présente les desseins et les bons effets de la Fraternité mystérieuse.
Le second manifeste : Réformation du vaste Monde tout entier parut quelques jours après. Il renferme le projet de la Réforme, au point de vue moral, politique, scientifique et religieux. Ce projet était adressé à tous les savants et souverains de lEurope.
Lapparition de ces deux manifestes causa une impression immense sur tous les esprits, et on les traduisit simultanément en plusieurs langues. Puis un grand nombre douvrages parurent, les uns pour défendre, les autres pour attaquer les Rose-Croix. Cependant V. Andréae continuait la mission que lui avait confié les Frères de la Rose-Croix.
A cette époque, lAllemagne était inondée par un grand nombre dimposteurs et daventuriers, soi-disant alchimistes ou "souffleurs". Cest pourquoi V. Andréae, dans lintention de ridiculiser, non seulement "ces faiseurs dor", mais aussi les travers du moment, soit en science, en théologie, et même létat des múurs de son temps, écrivit Les Noces Chymiques de Christian Rosencreutz On a prétendu que cet ouvrage aurait été rédigé par lauteur à lâge de 15 ans. Lui-même lécrit dans son autobiographie. Nous pensons quil faut lire 15 ans après son initiation. Sil qualifie son úuvre de futile, il ajoute "Elle a été pour certains un objet destime et une "occasion de recherches subtiles". Cette phrase montre combien V. Andréae attachait peu dimportance aux dires de ses contemporains, sachant très bien la valeur de son uvre.
Les Noces Chymiques furent écrites par un artiste préparé et non par un étudiant. Pour ceux qui sont au courant des allégories hermétiques, cette importante publication contient des allusions dune signification grave et occulte. Ils reconnaîtront que les incidents comiques font partie dun plan sérieux, et que lensemble de louvrage est en concordance avec les traditions générales de lAlchimie.
Les prétendants à ces Noces chymiques au nombre de neuf, passent avant dêtre reçus candidats par des épreuves semblables à celles des anciennes initiations. Déclarés Chevaliers, chacun des neuf portent une bannière avec une croix rouge, indication qui néchappera pas aux personnes averties. Les vues morales et politiques de cette uvre ne furent pas comprises.
Indigné du mépris de ses semblables pour les idées quil préconisait et en butte à de cruelles persécutions, V. Andréae fonda alors un groupement religieux sous le vocable de Fraternité Chrétienne, en donnant à entendre dans plusieurs endroits de ses écrits quil se séparait de la Fraternité Rosicrucienne.
Ce groupement avait pour objet de séparer la théologie chrétienne de toutes les controverses que le temps y avait introduites, et darriver ainsi à un système religieux plus simple et mieux épuré. Esprit noble, anxieux de faire le bien, V. Andréae ne pouvait être quun véritable mystique. Il employa toutes ses forces à ramener ses contemporains dans la voie du Christ, selon la Bible. Il visait au christianisme pratique par la prédication de lamour fraternel et de lunion : Il faisait partie des théologiens mystiques dont Jean Arndt était le chef. On sait que ce dernier avait commencé la réaction contre la Réforme en cherchant à ranimer la vie religieuse.
Cest alors que V. Andréae, loin des soucis et des agitations du dehors, dans le calme et le recueillement fit paraître, de 1616 à 1619, nombre douvrages, soit sous son nom, soit sous un pseudonyme. Sous le pseudonyme de ANDRÉA DE VALENTIA, il donna : LeTourbillon ou lesprit divaguant péniblement et vainement à travers tous les sujets, comédie satirique dans laquelle il raille la mêlée confuse des savants de lépoque.
Sous celui de FLORENTIUS DE VALENTIA, cest lInvitation à la Fraternité du Christ [appelée] la Rose fleurie. Il engage ses amis à travailler dans lunion, à la pratique dune vie chrétienne, à mener une existence plus simple, renoncer au luxe et au plaisir, à pratiquer lamour fraternel et la prière en commun V. Andréae publia sous son nom : Menippe, miroir des vanités de noscontemporains. Cette satire vise le défaut de toutes les conditions sociales. Elle se compose de cent dialogues écrits avec une vivacité, un esprit digne des colloques dErasme. Il édita ensuite la Mythologie Chrétienne, ouvrage réunissant les mêmes qualités que le Menippe. Le ton sincère de cet ouvrage déplut à beaucoup de contemporains de lauteur ; quelques-uns loutragèrent grossièrement, par contre, dautres tel que Jean Gerhard, professeur de théologie à Tubingue y applaudirent.
Citons encore parmi ses nombreux écrits sur la mystique : Le Citoyen Chrétien et Plan dune Communauté chrétienne ; ce plan dédié à J. Arndt est inspiré de lUtopie de Thomas More. Ce dernier ouvrage fut suivi de la Description de la République Christianopolitaine. Enfin sous le titre de : Loisirs Spirituels, il traduisit en vers allemand un choix de poésies de Campanella.
De nombreuses sociétés inspirées par les úuvres de V. Andréae se formèrent. Le clergé catholique, de même que le clergé protestant, devant ce succès, le firent avertir davoir à cesser ses publications et à les désavouer.
Il employa alors un subterfuge. Voulant faire croire à tous que ce quil avait écrit était inexistant, il publia : La Tour de Babel, ou chaos desjugements portés sur la Fraternité de la Rose-Croix ; composé de 24 dialogues, cet ouvrage contient tous les jugements faux ou vrais, ou suppositions, qui ont paru jusquen 1619 sur la Fraternité.
Aussitôt après la publication de ce dernier ouvrage, afin dassurer sa tranquillité et déloigner ses persécuteurs, il partit pour Kalw (Wurtemberg), où il venait dêtre nommé surintendant, fin 1620. Les premières années de son séjour à Kalw furent relativement calmes. V. Andréae y déploya une grande activité ; aidé par sa mère il créa une sorte de société dentraide pour laquelle il se procura des subsides importants destinés à secourir des ouvriers, des étudiants, des pauvres et des malades (Fürberstif. Fondation des Teinturiers).
Cependant lorage grondait. On était à la troisième période de la guerre de Trente ans. Les succès des Suédois, privés de leur roi et chef, Gustave-Adolphe, tué à Lutzen (1632) commençaient à pâlir ; les armées impériales sous la conduite de Jean de Verth, attaquèrent larmée suédoise à Nordlingen (1634), la défirent et sûres de limpunité, ravagèrent le Wurtemberg. La ville de Kalw fut incendiée et livrée au pillage. La maison de V. Andréae fut complètement détruite. Tout ce quil possédait, bibliothèque, richesses artistiques, fut anéanti. Il ne perdit aucunement courage. Et devant ladversité, ne pensant guère à lui-même, il fit appel à la générosité des seigneurs voisins. Bientôt les sommes affluèrent pour le grand bien des malades et des habitants ruinés. En 1638, Kalw fut de nouveau dévastée, et V. Andréae dut senfuir.
Dans son infortune, les dévouements ne lui manquèrent pas. Ses amis de Nuremberg lui offrirent un asile, mais fidèle à son prince, le duc Eberhard III, V. Andréae se rendit à Stuttgart. Là, par lentremise du théologien Melchior Nicolaï, très puissant à la cour, il obtint la charge de conseiller consistorial. Il devint même le prédicateur attitré du roi ; fonction quil remplit de 1639 à 1650. Pendant ces dix années quil passa à Stuttgart, il ne prêcha pas moins de mille sermons ; dont la plupart sur le texte de Saint Paul : première Lettre aux Corinthiens. Malgré son zèle infatigable pour ses semblables, il eut à souffrir de cruels déboires, de la part de théologiens luthériens. V. Andréae publia vers 1640, une ordonnance de discipline ecclésiastique, la Cynosura ; cette ordonnance qui formulait des prescriptions très détaillées sur les devoirs des pasteurs, devint la règle dans tout le Wurtemberg.
Dans sa lutte contre la simonie et la débauche, il eut le bonheur de trouver une aide précieuse en la personne des trois filles du duc Eberhard, surnommées par lui les Trois Grâces.
En 1649, patronné par Auguste, duc de Brunswick-Lunebourg, savant et fin lettré, V. Andréae se disposa à passer sa thèse de docteur en théologie. Mais ce fut peine perdue. Il avait contre lui trop de contradicteurs et dadversaires. Pas assez soutenu par le duc Eberhard, il se découragea et demanda à être relevé de ses fonctions. Lannée suivante, il fut nommé abbé de Babenhausen (Bavière).
Ce fut là, au lieu du repos escompté le Purgatorium pour V. Andréae. Accusé de fomenter lhérésie par des adversaires, authentiques luthériens, il dut déposer contre eux une plainte devant le Consistoire. Ce fut le dernier coup, il ne sen remit jamais. Par une heureuse diversion, le duc Auguste de Brunswick le comblait de titres et de présents, lui assurant ainsi des ressources considérables. Le duc, qui ne lavait jamais vu, voulut en 1653, le faire venir auprès de lui, à Wolfenbüttel. Il lui envoya une escorte princière, mais V. Andréae malade nosa pas entreprendre le voyage.
Devenu au début de 1654, abbé mitré dAdelsberg, il ne put sy rendre, le monastère ayant été détruit par un incendie. Le duc lui fit construire une maison confortable, à Stuttgart. Mais V. Andréae habita fort peu de temps son Selenianum ; miné par la maladie, il mourut le 27 janvier 1654, en dictant une lettre, au duc, son bienfaiteur, son Soleil, comme il le nommait.
Quoiquon en dise, le rôle assigné à V. Andréae fut suivi par lui de point en point. Ses uvres furent écrites pour éclairer les esprits et ramener les âmes égarées à la paix, à la vérité, à la raison. Sa vie, comme celles de tous ceux qui se dévouent pour leurs semblables, fut un long sacrifice. Sil neut pas le courage de suivre lexemple du Maître jusquà la croix, il sut toutefois montrer la route à ceux qui cherchent la Voie, la Vérité, la Vie !
PAUL CHACORNAC
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